Isabel (Echo Jardins) continue à produire Bio tout près de chez nous.

Continuer à acheter chez elle après le confinement est dans la logique de ce que nous souhaitons pour l’avenir… Vous aurez toutes les précisions en lisant son magnifique article (accompagnée dans la rédaction par Danièle Caraux Garson – agro-formatrice à Campagne et administratrice de Planète Terroirs) ci-dessous :

Souvent j’entends: « le bio n’est pas vraiment du bio car l’eau est aussi polluée » ou bien aussi « vous ne savez pas ce que font vos voisins dans les champs d’à côté » ou… l’argument final est souvent : « c’est pas si
sain que ça, le bio ! »

Du coup, c’est quoi vraiment le bio?

Par définition: « l’agriculture biologique est une méthode de production agricole qui exclut le recours à la plupart des produits chimiques de synthèse, utilisés notamment par l’agriculture classique depuis le début du XXe siècle, les organismes génétiquement modifiés et la conservation des cultures par irradiation. »

Les agriculteurs qui produisent en bio ne peuvent pas vous garantir des aliments sains. Mais leur véritable but est de ne pas utiliser de produits chimiques qui pourraient se retrouver dans leur production ou dans leur propre corps. C’est cette même production que vous allez également ingérer à un moment ou à un autre.

Comment arriver à produire du bio ?

Si je prends mon exemple personnel, la première chose est tout d’abord de s’assurer que ce que j’achète est dans les normes du label de l’agriculture biologique (mes graines, mes plants, les amendements, …). De plus, j’adhère à un organisme qui va contrôler mes choix de production. Quand mes cultures ont un problème sanitaire ou parasitaire, mes choix ne vont pas se porter vers la facilité des produits de synthèse. Je prends ainsi le risque de perdre une partie ou même la totalité de ma production.

Et le raisonné dans tout ça ?

J’ai souvent échangé avec des agriculteurs qui ne veulent pas être labellisés. En même temps, ils me disent qu’ils ont des pratiques biologiques.

Leur premier argument est que le label coûte cher.

Or, ce n’est pas totalement vrai. Certains produits de synthèse coûtent plus chers que l’obtention du label. De plus, l’Etat donne une aide six fois plus importante que le prix du contrôle.

Leur deuxième argument est également que les pratiques biologiques coûtent chers.

N’est ce pas ces mêmes pratiques qu’ils se vantent de faire ?

Le troisième argument présenté est le suivant : « Je ne veux pas perdre mes cultures ».

En fait, dès qu’il y a un problème, l’agriculteur en conduite raisonnée utilise « les produits qui marchent » dont les conséquences au final, sont les mêmes, ou presque, pour l’utilisateur que celles de l’agriculture conventionnelle.

Que font ils réellement alors, ces agriculteurs en agriculture raisonnée?

La plupart des agriculteurs rencontrés, utilisant cette pratique, ont presque les mêmes pratiques qu’en bio. Mais ils oublient malheureusement de préciser qu’ils achètent des semences qui sont traitées avec des pesticides ou bien ils utilisent des plants conventionnels provenant de ces même graines ainsi que quelques rares traitements de synthèse utilisés afin de ne pas perdre leur culture…

Alors, pourquoi font-ils de tels choix?

Les prix de leur intrants n’ont pas les mêmes conséquences sur le chiffre d’affaires. Ou est ce simplement la peur de ne pas vendre leur production qui est périssable? Est-ce à cause de ce fameux stress de l’avenir ?

Avons nous tous cette peur de perdre notre production?

Si je prends de nouveau mon propre exemple : le prix des légumes que je commercialise n’est pas du tout adapté au travail fourni. Je suis pratiquement tous les jours sur ma parcelle, je ne compte pas mes heures de travail, qui ne se comptabilisent pas en terme de « huit heures par jour », sans compter également les heures de bureautique.

Nous pouvons affirmer, tête haute que nous faisons un dur métier. Les erreurs commises ou les malchances climatiques, parasitaires, et j’en passe, nous font rapidement perdre toute une culture. Nous ne pouvons pas rattraper nos erreurs en claquant des doigts. La conséquence se retrouve toujours dans le calcul du chiffre d’affaire annuel. Nous pourrons peut être alors, avoir l’espoir de récupérer l’année suivante, si elle est propice, le chiffre d’affaire. Et je n’aborde pas ici en détail la question complexe de nos acheteurs. Les habitudes des consommateurs se portent, généralement, vers un beau légume à un prix raisonnable, tant mieux s’il est bon !

Un prix raisonnable d’accord, mais je vous demande, pour qui ?

L’alimentation représentait en 1960, 29% du total du budget de la consommation des ménages contre seulement 17% en 2017. La croissance de l’alimentation préparée industriellement est en constante augmentation.

Le problème pour les agriculteurs est que les produits vendus pour être transformés perdent de leur valeur ajoutée. Le prix payé par produit transformé inclut également la publicité, l’emballage, la marque etc.

Même si nous faisons élaborer nos conserves par un transformateur, nous devons oublier le prix des légumes en vente directe, pour que le prix du produit fini reste supportable pour le consommateur final…

Alors, quelle est la solution si nous ne pouvons même pas être payés de nos heures au Smic ?

Est-ce que nous devons avoir des tracteurs plus puissants, avoir des salariés payés au lance pierre, où même pire ?! Voilà pourquoi certains se tournent vers l’utilisation de produits de synthèse pour ne pas perdre leur cultures…

Est ce la véritable solution? L’enjeu ne serait-il pas, plutôt de payer au juste prix ce que l’on achète avec le minimum d’intermédiaires ? L’éducation et la prise de conscience de ces difficultés par les consommateurs est peut-être aussi la pierre angulaire. Nous souhaitons que les petits producteurs puissent se développer, et que des petites entreprises locales soient créées en toute transparence, et pas juste un jeu avec les marques qui masquent la véritable valeur de leur produit ?

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